Mieux écouter, émettre, vibrer,
pour percevoir et cultiver l’harmonie

Mais le son peut-être déformé; voyons maintenant comment :

Les bruits

Nos perceptions sont subtiles, car le principe de toute onde est d’être « invisible, sans saveur et indolore ».

Nous allons voir que ce n’est toutefois pas toujours le cas pour le dernier terme : « indolore ».

L’onde sonore étant sans frontière, il est très difficile de s’en protéger lorsqu’elle devient importune et désagréable, on entre alors dans le domaine du bruit1.

 Qu’est-ce que le principe du bruit ? Le bruit se manifeste par un mouvement vibratoire désordonné, sans fréquence définie en principe, d’où la perception d’un chaos sonore désagréable.

Évoquons par exemple le/les bruit(s) qui peuvent être très déséquilibrants à cause de comportements contemporains, basés sur la quantité, le gavage, ces arguments de la « consommation » : la prolifération des moteurs et engins mécaniques nous le montre bien, et la banalisation de niveaux sonores trop élevés proches du « seuil de début de douleur » de 120 décibels2. Les ondes artificielles décuplent et déforment les ondes naturelles, dépassant le potentiel humain de ceux qui les reçoivent, comme dans le cas des musiques très électrifiées, certains de ces styles ayant en plus des messages violents et/ou négatifs. D’autre part, le son peut être terriblement altéré lorsque nous l’utilisons uniquement pour des fonctions utilitaires et matérielles, donc de façon basique ; ou à travers le téléphone et tout support électrique et numérique (médias).

Plus insidieux est « le bruit de fond » de plus en plus continu, par exemple dans les magasins où les employés ne peuvent souvent même pas agir sur l’intensité sonore pré-réglée de la radio. Il est alors difficile de penser, de réfléchir, et on devient manipulable : je me suis trouvée dans un grand magasin un vendredi soir extrêmement bruyant et quand je me suis adressée à l’hôtesse d’accueil, voici ce qu’elle m’a répondu : « on fait cela le vendredi pour que les gens fassent leurs courses plus vite, comme il y a beaucoup de monde ! » Elle a aussi ajouté que j’étais la seule à m’en plaindre !

Le bruit est donc une nuisance empêchant le corps, le système nerveux et tout l’être de se régénérer, et qui réduit beaucoup la place du silence. Cela peut amener, pour fuir, à se replier sur soi-même, mais ce n’est pas pour autant que l’on renoue le contact avec notre son intérieur, ni l’écoute de notre être intérieur.

Le plus souvent, tout ceci est ignoré, nié, et c’est l’inconscience des effets de ces situations qui prévaut, nous mettant en danger et défigurant ce magnifique apport de l’univers. Nous avons donc besoin d’apprendre à mesurer l’impact de ce que l’on provoque par notre usage du son.

– Le silence

Le silence peut nous y aider. Il demande l’absence de mouvement, l’immobilité extérieure, mais également intérieure (en effet, le vacarme intérieur de paroles et émotions peut être très perturbant lui aussi). Il est en relation avec l’inspiration, phase réceptive et de recul, et amène la paix.

Le silence favorise le calme et le repos, donc un ralentissement de notre respiration ; il est nécessaire pour que nous nous ressourcions et utilisions notre pensée, ou pour méditer. Nous pouvons nous le représenter comme une sinusoïde très large, presque plate et régulière. Nous pouvons tous percevoir le silence lors d’un moment de grande surprise et émerveillement, les yeux grand-ouverts… et la bouche aussi dans un mouvement d’inspiration suspendue. Or, si un chaos vibratoire (un bruit) vient s’y juxtaposer, on peut comprendre que notre équilibre énergétique, et notre concentration s’en trouvent complètement déséquilibrés.

Quelques solutions

Si nous nous laissons emporter dans le rythme du mode de vie actuel, nous dépassons les limites de la Nature et de notre être puisque c’est la Nature qui nous rythme. Par exemple, certains de nos contemporains ont trouvé comme seule solution pour dormir ou supporter diverses situations, de porter des bouchons d’oreille ou un casque isolant phoniquement. Mettre des humains dans une telle situation paraît invraisemblable et destructeur. Pourtant, globalement, l’isolation phonique à tous niveaux est de plus en plus nécessaire.

De telles solutions sont extrêmes et extérieures, elles sont à court-terme et partielles.

Si on veut construire de vraies solutions, et c’est tout à fait possible, il semble bien que l’un des mots-clés majeur soit « se modérer, se tempérer », autrement dit choisir de « renoncer » à vivre dans les extrêmes car cela rend notre rythme chaotique, donc ne nous correspond pas et nous « use » prématurément tout en réduisant nos facultés et potentiels (ceux de nos oreilles par exemple). Se modérer est très positif car cela signifie sélectionner la qualité plutôt que la quantité, c’est-à-dire rechercher les conditions qui peuvent nous rythmer, nous faire vibrer harmonieusement et découvrir que l’on peut faire taire le chaos vibratoire. L’environnement sonore excessif rend l’écoute passive (on entend plutôt qu’on écoute). Au contraire, on peut apprendre à retrouver une écoute consciente3 où l’on donne du temps pour « goûter » le son. D’autre part, on peut soigner la qualité de ce que l’on émet, par exemple en apprenant à calmer sa parole, ou à rendre bienveillante l’intention qui nous guide quand on parle ou chante…

 

1https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/sante-et-environnement/effets-du-bruit-environnemental-sur-la-sante/mesure-du-bruit/

2Notons qu’un jeune sur quatre souffre de lésions auditives : dossier-le-son-le-bruit-pistes-pour-actions-CIDB-2017

3Voir plus haut le silence et l’attitude réceptive