Sur une route à grande circulation limitée à 110 km, la voiture faiblit et semble ne plus vouloir avancer. Juste le temps de se garer sur le bas-côté, l’embrayage est cassé, il fait nuit. Que faire ?
Signaler la voiture, me rendre visible pour qu’une voiture s’arrête… Comment envisager l’ensemble des solutions ?… Les voitures passent à grande vitesse, le temps passe. Garder confiance… Et voilà qu’une voiture ralentit et vient se garer un peu plus loin.
Un monsieur s’est arrêté et vient extrêmement gentiment m’aider, il me prête son téléphone pour joindre l’assurance et reste là pour apporter son aide car la mise en relation est un peu longue. Cela permet de faire connaissance, et d’échanger.
Je veux lui donner de l’argent (il n’a qu’un tout petit forfait sur son téléphone, et n’est pas riche) ou les beaux fruits bio que j’ai dans la voiture, mais non il refuse. Il me dit que l’aide gratuite, cela a tellement plus de sens. Et puis, au moment de partir, comme je propose à nouveau, il me répond : « l’argent, les fruits qu’est-ce que je vais en faire ? » Et là il me révèle une nouvelle dramatique reçue la veille, et que la vie est tellement plus forte que l’argent, qu’une action d’entraide comme celle-là a une valeur tellement supérieure et plus réelle.
Je l’ai infiniment remercié et lui ai dit que son attitude, ses réflexions avaient la valeur d’une très grande leçon reçue. J’ai juste eu le réflexe de lui demander comment il s’appelait, il m’a donné son prénom.
Ensuite il y a eu le dépannage, l’annonce des sommes énormes à avancer pour pouvoir faire remorquer ma voiture jusque chez moi. Et sinon devoir l’abandonner dans un garage proche. Je savais qu’il fallait que je garde confiance. En effet, plusieurs autres actes d’entraide ont permis que la voiture soit remorquée de façon très peu chère, puis à différentes étapes, l’entraide a continué.
Les compréhensions que je veux partager, c’est que lorsqu’on est véritablement humain, l’argent ne peut pas être le roi malgré ce que l’époque peut faire croire, car à la base de la vie relationnelle, il y a l’empathie, l’envie d’aider, c’est un élément de l’humain. Et, de ce fait, des solutions au-delà de l’argent se révèlent, une façon différente d’être en relation et d’agir ensemble.
Ce que j’ai observé aussi, c’est que dans ce genre d’action, chaque personne décide de ce qu’elle donne : aux différentes étapes, chaque personne a choisi d’apporter ce qui était à sa mesure.
Il me semble que c’est une base essentielle à un vrai système d’entraide libre. De même lorsqu’on est la personne qui a besoin momentanément d’aide, on peut accepter de recevoir, en reconnaître la valeur, et redonner de différentes façons, notamment en gardant dans le cœur l’empreinte du ressenti perçu, et en remerciant pour la beauté de la nature humaine.